Récit de voyage : Situé sur le versant oriental des Andes centrales, le Machu Picchu est une ancienne cité inca qui date du XVème siècle.Cette ville sacrée, abandonnée avant la fin de sa construction, est considérée comme une œuvre maîtresse de l'architecture inca.
Le Machu Picchu, centre rituel des incas, voué au culte du soleil
Dans les Andes, de nombreuses communautés se réclamaient originaires ou descendantes de tel lieu sacré, de telle étoile ou de tel animal. C'est dans ce contexte qu'à partir du XVe siècle, les Incas se veulent être les fils du soleil- appelé Inti en quechua. Pour leurs contemporains, les victoires militaires et la politique éclairée des souverains incas semblent confirmer cette origine merveilleuse.
Les Incas imposent donc le culte du soleil comme culte officiel dans l'empire.
Un culte animisme d'État : pour instituer le culte, les Incas bâtissent des temples dédiés principalement au soleil. Le plus célèbre de tous est le Coricancha -enclos d'or en quechua-, temple du Soleil de Cuzco. L'Inti Raymi, principale fête de l'empire se déroulait le 21 juin, solstice d'hiver et jour le plus court dans l'hémisphère sud. A cette occasion, des cérémonies rituelles étaient organisées en l’honneur du Soleil pour lui demander la protection des semences qui allaient commencer bientôt. Un tiers des terres cultivées dans les communautés étaient attribuées au Soleil. La mise en culture de ces terres constituait à la fois une forme de culte et une forme d'imposition économique.
Visite du Machu Picchu, le centre rituel
C'est le jour J, je prends le train pour me rendre à Aguas Calientes (à 122 kilomètres de Cuzco), un joli train tout repeint, à l'ancienne avec un personnel à bord en uniforme ! Dépaysant cette traversée de la forêt tropicale en altitude, la route est magnifique !
Agua Calientes qui comme son nom l'indique est doté de sources chaudes est le village le plus proche du Machu Picchu situé à 400 mètres en contrebas. Evidemment très touristique, il est composé de quelques rues très en pentes qui regorgent de cafés et de restaurants, traversé par la rivière et la voie ferrée. Pressée de voir le gigantesque site que j'ai tant vu se décliner sous ses plus beaux aspects et sur papier, je m'ébroue dans cette ville surpeuplée de touristes et sous ce ciel plombé, sans apercevoir nulle part, la vieille montagne sacrée ! Je décolle aux aurores le lendemain et saute dans un car après une file d'attente interminable...
Actuellement, près de 500 000 visiteurs foulent chaque année le sol du Machu Picchu. Il est question dernièrement de limiter le nombre d'entrées sur le site afin de ne pas perturber son équilibre, inscrit au Patrimoine mondial par l’Unesco.
Le car grimpe dans la montagne à travers la forêt dense, doux parfum d'adrénaline !
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Arrivée là-haut, sur une esplanade truffée de cars au milieu desquels serpente une autre file d'attente, je découvre grandiose le fabuleux site mystique du Machu Picchu qui domine. Perché à quelque 2 430 mètres au sommet d'un promontoire rocheux qui surplombe la rivière Urubamba, je reste figée et l'air béat devant ces tonnes de granit arrachées à la montagne et déposées sur un lit vert émeraude, sculpté en terrasse.
La visite fut orientée vers les mystères de cette cité délibérément abandonnée par les Incas moins de 100 ans après sa construction afin que les conquistadores espagnols ne la découvre pas. En attendant, les envahisseurs ne l'auraient jamais trouvée. Elle ne fut donc pas détruite.
Loin des routes commerciales et difficile d’accès, ce site fut oublié de tous pendant 3 siècles.
Nous avons découvert aujourd'hui quelques bribes de sa fonction religieuse. Construite autour de l'année 1450, la cité semble avoir été conçue à la fois comme un centre rituel, un lieu de pèlerinage voué au culte des montagnes sur le chemin de la forêt amazonienne.
Selon des documents du XVIe siècle, trouvés par l'archéologue italien Lucas Pittavino, le Machu Picchu aurait été une des résidences de l’empereur Pachacútec. Cependant, quelques-unes des plus grandes constructions et le caractère cérémonial de la principale voie d’accès démontreraient que le lieu fut utilisé comme un sanctuaire religieux. Les deux usages ne s’excluent pas forcément. En revanche, les experts ont écarté l’idée d’un ouvrage militaire. Approximativement 1200 personnes auraient habité au Machu Picchu, le sanctuaire était divisé en trois parties : la partie agricole, urbaine et religieuse, une division explicite dans l'architecture.
La mort d'un chef, la victoire ou le voeu de bonnes récoltes étaient autant d'occasions d'offrir des sacrifices humains aux divinités. Le sacrifice d'enfants (Capacocha) était chose habituelle, des enfants issus généralement de grandes familles de Cuzco, élevés dans des couvents, éduqués et préparés aux rituels de sacrifices. Les bras tendus vers la mort pour s'offrir au Soleil. Les enfants destinés à être immolés étaient amenés par leurs mères ; elles étaient fières de faire une telle offrande à la divinité...
Les sacrifices humains et le culte rendu aux cadavres momifiés témoignent de cet état d'esprit particulier des Incas à l'égard de la vie et de la mort.
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