Les célèbres Massaï sont partout, et font partie intégrante des paysages du Nord de la Tanzanie. Nous connaissons tous la réputation de ce peuple noble et fier, ces éleveurs et guerriers semi-nomades, dont le mode de vie a été décrypté, disséqué. Nous connaissons en revanche très peu les autres tribus qui se partagent le grand territoire sauvage du Nord. Méconnues, elles vivent pour certaines encore à l’âge de pierre.

Au pied du mont Meru par exemple, vivent deux tribus, les Waarusha et les Wameru. Les Wameru ou Meru ont des coutumes qui s’apparentent à celles des Waarusha et des chagga. Tous subsistent avec l’agriculture et l’élevage. Leur travail artisanal de la poterie est une autre monnaie d’échange, la danse endémique et l’art traditionnel culinaire, sont leur passe-temps.

Près du mont Meru, la montagne du Kilimanjaro a aussi sa tribu, nichée sur ses pentes nord (région de Moshi). Avec une population estimée à 2 millions, les Chagga représentent le troisième groupe ethnique de Tanzanie. Ils sont gouvernés par les Mangi, leurs chefs de clan.
Connus pour leurs facilités d'adaptation, ils sont pour la plupart, cultivateurs ou commerçants. Les villages Chagga attribuent un lopin de terre à chaque famille. On y cultive souvent du café ou des bananes. Ils sont très friands de la fameuse "bière de banane" à base de millet et de banane fermentés (mbege).
De nombreux Chaggas sont aujourd'hui chefs d'entreprise dans le tourisme, entrepreneurs dans de grandes villes. Ils ont été le premier groupe tribal à se convertir au christianisme ce qui leur a permis d'accèder à l'éducation et la santé au même titre que les Chrétiens du pays.

Plus au Nord, sur les plateaux entre la ville d’Arusha et Longido, le Lengijabe est une zone unique. On apprécie la quiétude des lieux, les beaux paysages, les animaux sauvages qui cotoient les Massaï de nouveau. Mais en retournant vers le Sud-Est de ce territoire du Nord, dans les environs du lac Eyasi, nous rencontrons encore d’autres tribus. Aux alentours du lac s’étend la savane, peuplée des Hadzabee (ou Hadzas) et Dactoga.

Les Hadzabee

Hadzabee faisant du feu

Véritables aborigènes de Tanzanie sont aujourd'hui moins de trois cents à subsister dans le bassin du lac et seulement quelques dizaines à perpétuer leur mode de vie traditionnel. Ils sont apparentés à la famille des bushmen, appartenant au groupe des Khoisans. Leur langue est caractérisée par les claquements de langue (le plus vieux langage humain). Ils vivent de cueillette et de chasse, récoltent les produits de la savane (racines, tubercules, fruits, miel). Ces hommes ne possèdent rien, à part des arcs, des calebasses, des peaux et quelques objets troqués contre du miel et de la viande sauvage.

Ils vivent en petits groupes, et se déplacent constamment autour du lac en fonction des périodes de récoltes ou de chasse. Ils dorment sous de grands arbres ou dans des cavernes. Leur nourriture favorite est la viande de babouin. Ils n'ont ni chef, ni Dieu, et pas d'autre contrainte que de devoir chercher l'eau et chasser pour se nourrir. Ce mode de vie garant de leur liberté les rend aussi très fragiles.

Les Hadzabe profitent de tous les prétextes pour organiser de petites fêtes, qui leur permettent de chanter et danser, et pourtant, on peut dire qu’ils vivent dans le dénuement le plus complet, un peu comme à l’âge de pierre !
Ils fabriquent leurs arcs tendus par des tendons de girafe, et enduisent la pointe des flèches avec du poison récolté dans la Nature. Certains les surnomment « peuple invisible », car ils sont si discrets et difficiles à localiser qu'ils se fondent dans le bush !

Les Dactoga

Les Datoga sont des fermiers et des artisans habiles. Ce peuple fut chassé par les Masaïs vers le Sud. Ils partagent avec ces cousins devenus des ennemis, le même type d'habitat et les mêmes pratiques (pasteurs). Leurs huttes en boue séchée sont protégées par une clôture d’épineux. Les femmes ont leur visage marqué de scarification et la tradition des Datoga est également tournée autour de la danse et des chants à la manière des Masaï. Leur spécificité artisanale est le travail des métaux, ce sont des forgerons hors pair.

Autour du lac Eyasi, les tribus menacées

Aujourd’hui les nouvelles vagues d'agriculteurs envahissent les environs du lac Eyasi. Attirés, par les revenus de la culture d'oignons, ainsi que par de nouveaux pâturages pour nourrir leurs des troupeaux, ces nouveaux arrivants défrichent, captent les sources et font fuir les animaux sauvages de ce territoire ancestral, tout en menaçant les tribus qu’il abrite.

Réglementation dans les parcs nationaux du Nord

Pour préserver la vie des Massaïs qui vivaient là, un compromis fut trouvé. Dans tous les parcs naturels, les constructions sont très réglementées et la vie dans le parc est souvent interdite. Mais des exceptions sont faites pour les Massaïs. Généralement les parcs sont divisés en 3 zones. Une zone dans laquelle cette tribu peut construire ses villages, une autre zone interdite à l'habitat mais autorisée pour la pâture des troupeaux et enfin une dernière zone interdite à toute vie humaine, laissée uniquement à la vie sauvage et aux voitures de safari en visite.