Aux Philippines, sur l’île de Mindanao, il existe une province sauvage du nom de AGUSAN DEL SUR, une terre multi-ethnique et culturelle. La tribu des Manobos y détient le titre de “seigneurs des marécages”, peut-être parce qu’elle ne se lasse jamais d’explorer l’étendue la plus mystique de l’île, le grand marais Agusan Marsh.

Agusan Marsh, territoire des Manobos

Dans la province d’Agusan del Sur, à l’Est de l’île de Mindanao, la plaine inondée d’Agusan Marsh est disséquée par de nombreuses rivières et composée de 7 lacs. Sa surface couvre plus de 26 000 hectares, dont 19 000 sont déclarés aire protégée. La province déploie toute son énergie pour promouvoir ce lieu magique, doté d’un écosystème, le plus important des Philippines. "Agusan" signifie, "là où l’eau coule". "Manuba" ou "Man-Suba", est un terme malais, qui veut dire "homme de la rivière".

Les Manobos représentent la communauté indigène la plus importante sur Mindanao. Ces hommes résultent du mélange des Indonésiens, des Malais et des aborigènes, sous l’empire Sri Visayan au 11^ème et 12^ème siècle. Le dialecte des Manobos est aussi un mélange de dialecte indigène, et de langues étrangères, très différent du Tagalog ou du Cebuano.

Les Manobos vivent dans des maisons adaptées aux caprices de ce grand marais, juchées sur d’énormes troncs d’arbres en guise de flotteurs. Pendant la saison des pluies, les eaux jacinthes prennent le dessus et se répandent à travers la forêt. Ainsi, il est aisé de déplacer d’un lac à un autre. Pendant la saison sèche, les maisons sont fixes au bord de l’eau, envahies par les plantations de maïs, de patates douces et d’arbres fruitiers.

Les Manobos vivent essentiellement de la pêche. Leur spécialité est le poisson séché au soleil, qu’ils vendent sur le marché de Bunawan, le village le plus proche. Ils pratiquent également la chasse aux singes, cochons sauvage, pigeons, serpents, aigles et hérons. Le cochon sauvage est cuit dans des tubes de bambou, mélangé à des herbes aromatiques.

Leur religion est aujourd’hui catholique, mais les rites animistes sont toujours très présents. De nombreux rituels et offrandes sont pratiqués pour apaiser les esprits.

Le Magbabaja est le créateur du paradis et du foyer, soit, l’esprit suprême. Le Mugnata est la cérémonie organisée pour élire le chef de la tribu: le « Datu » qui ne délègue pas forcément sa fonction à ses descendants. Un Datu est élu pour son courage, ses capacités et son intelligence à diriger les autres membres du groupe.

Les prêtres et prêtresse Manobos célèbrent le mariage, possible dès l’âge de 12 ans : échanges de boules de riz, partage de l’eau et danse des aigles. Les invités glissent de l’argent dans les costumes des mariés.
Les Manobos peuvent avoir jusqu’à cinq femmes. Les Ba-es sont des prêtresses et femmes du Datu, qui président les rites et dirigent la prière. Le Sangga est un rituel contre la maladie. Si les herbes médicinales ne peuvent rien, c’est qu’un esprit malfaisant s’acharne sur la personne.
La danse Binaylan est la danse commune à de nombreux rituels, pour remercier les esprits, pour aider les hommes à chasser et à pêcher.